Le Pergélisol ou Permafrost
Le permafrost est un terme géologique, utilisé pour désigner des terrains qui restent en permanence gelés. Le Permafrost couvre un cinquième de la surface terrestre dont la moitié de la Russie (voir Carte ci-dessous). Une bonne raison pour s’y intéresser.
Le permafrost, c'est 25% des terres émergées de l’hémisphère Nord.
Débutant à peu près au niveau du cercle polaire arctique, la toundra prend le relais de la taïga. La forêt de pins et sapins, tire sa révérence et fait place à une végétation/topographie minimaliste, sans arbres ni relief. Sous la couche mince de végétation : la glace, donc pas de racines profondes, donc pas d’arbres.
Le permafrost apparaît lorsque le dégel au cours été n’est plus suffisant pour faire fondre toute la neige et la glace accumulées l’hiver, et à part une fonte superficielle, le dessous reste de marbre, enfin de glace.
Un phénomène lent, d’enfoncement de ces glaces (la subsidence) dû au poids, engrange ainsi des épaisseurs considérables de glaces et sédiments (sables, argiles) et résidus végétaux de tourbe.
Cette accumulation gelée de matière apportée par les précipitations, par les vents et par les rivières, atteint des épaisseurs de 50 mètres, au niveau approximatif du cercle polaire, et jusqu’à 800 mètres plus au nord, là où commencent les mers de Barents, de Kara et de Laptev.
Les végétaux emprisonnés dans la masse gelée, et graduellement enfouis, continuent leur dégradation, et produisent des gaz de décomposition.
Vous trouverez plus d’information sur la Toundra dans mon article : La Toundra, un Monde Impitoyable.
La Toundra, les hydrates de gaz et le réchauffement climatique
Lors du dégel du printemps, la plaine devient un immense marigot.
Ce marais est parsemé de lacs et de cratères. La péninsule de Yamal (péninsule prolongement Nord de l'Oural) (photo ci-dessous), à elle seule en compte près de 300 000, de forme assez régulière ronde, plus ou moins grands, parfois sans poissons, signes de l’activité continue de production et de remontée des gaz méthane du permafrost (pergélisol) sous-jacent et de leur expulsion vers la surface.
En langue Nenets, Yamal, signifie « Bout de la Terre », ou si l'on veut « Fin du Monde », je crois que c’est d’une grande justesse. Voir Article :"La république des Komis" et l'article :"Les Nenets, la Toundra et moi".
Ces gaz sont piégés dans le permafrost sous forme d’hydrates, structures glacées alvéolaires, créés dans des conditions de température et de pression particulières. Les volumes de gaz impliqués sont faramineux si on considère qu’un m3 d’hydrate peut agréger, en profondeur, jusqu’à 160 m³ de différents gaz, en majorité du méthane, mais aussi butane et propane.
Ces gaz s’accumulent en poches gigantesques et a forte pression, qui lentement remontent vers la surface.
Telle une éruption, la bulle soulève puis expulse les terrains qui lui forment chapeau, et s’échappe dans l’atmosphère, créant un cratère aux dimensions herculéennes.
Le cratère pris en photo, ci-dessus, faisait 60 mètres de profondeur avant que la fonte des neiges ne le comble partiellement. Il formera lui aussi un de ces innombrables lacs qui parsèment cette terre.
De plus, dû au réchauffement, les lacs se multiplient. Dans chacun d’eux, des micro-organismes colonisent les eaux et se nourrissent des vases et des végétaux déposés. Du méthane et du CO2 sont les sous-produits de cette action, et filent direction l’atmosphère.
Ce phénomène est de nos jours un vrai sujet de préoccupation pour l’environnement planétaire, car les quantités de gaz à effet de serre mis en jeux sont considérables et pourrait accélérer significativement le réchauffement climatique global.
Un nouveau péril potentiel, lié à la fonte du pergélisol : le risque viral, par la libération dans l’atmosphère de virus et de bactéries, assoupis depuis des dizaines de milliers d’années, ancêtres des mutants actuels.
En 2016, les éleveurs locaux ont perdu des bêtes par milliers et un enfant est décédé, contaminés par l’Antrax (virus du charbon).
Des chercheurs ont découvert en 2014 et 2015, 2 virus géants, le Pithovirus et le Mollivirus Sibericum par prélèvements dans des couches dégelées.
Un nouveau phénomène apparaît depuis une quinzaine d’années, dans les rares zones arborées ou la couche d’humus recouvrant le permafrost est plus épaisse et permet une maigre futaie : « la foret ivre ».
À cause de l’instabilité récente du sous-jacent, les arbres penchent de façon aléatoire, en un ballet chaotique et inharmonieux, donnant un avant-gout d’agonie et d’anéantissement.
Mammouth en perdition :
Il se négocie dans ces contrées, en sous-main, des dents de mammouth et autres petits osselets. Ne connaissant pas la réglementation, je ne me suis pas laissé tenter.
Maisons en Perdition :
Les techniques de construction sur le permafrost
À Usinsk, et dans toutes les zones de permafrost, les constructions modernes sont érigées selon une technique très impressionnante : des dizaines de piliers de béton précontraint, de dimension approximative 40 cm * 20 cm de section pour une longueur de 15 à 20 mètres, sont enfoncées au marteau-pilon jusqu’à refus sur 10 à 15 mètres, puis coupés arasés à environ 2 mètres au-dessus du sol.
Sur ces pieux sont démarrés les travaux de construction proprement dits.
Afin que la chaleur, ne fonde pas la glace située en dessous de lui, le bâtiment est décollé du sol et appuyé sur les têtes de piliers. Le vide entre le sol et le plancher de la construction est laissé libre pour une ventilation permanente. Maison sur pilotis !!
D’autres techniques sont parfois appliquées :
Construction sur châssis rigide, dimensionné à la taille du bâtiment, décollé du sol et supportant tout le poids de la bâtisse. Quand le terrain bouge, l’ensemble du traîneau géant réagit, sans mettre en danger la structure habitable (Photo ci-dessous).
La solution vérins est également utilisée,
Ou plus simplement, on peut avoir recours a des cales, avec intervention quasi annuelle de remise à l’horizontalité, pour les petits projets.
Certaines Techniques donnent des résultats parfois surprenants !
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