C’est l’Histoire d'une Spoliation Majuscule, organisée avec la complicité de l’État français et des banques françaises et du moyen d'information unique : les journaux.
Les emprunts russes… ou comment ruiner une nation tout en finesse !
Avant 1914, 1 600 000 épargnants français souscrivirent 30 millions de titres d'emprunts russes pour la modique somme de 15 milliards de Francs-or.
En valeur d’aujourd'hui, très approximativement, si l'on tient seulement compte de l'inflation, le titre de 500 Francs Or vaudrait 8.218 euros. Si l'on y ajoute les intérêts fixes de 5%, le chiffre passe à 8.678 euros.
Mais d'autres évaluations sont possibles. En tenant compte de l'évolution du prix de l'or, ce titre d'emprunt de 1906 vaudrait aujourd'hui 21.100 euros, donc 1 Franc pour 42 euros, donnant un joli pactole de 630 milliards d’Euros !. Waouhhh !
Petite explication concernant le Franc Or :
Franc Or, ou Franc Germinal : la loi du 17 germinal an XI (7 avril 1803) institue le bimétallisme selon le rapport d'échange entre l'or et l'argent, de 1 or pour 15,5 argent (1 / 15,5) :
· 1 franc = 0,322 5 g d'or à 900⁄1000, soit 0,290 25 g d'or fin
· 1 franc = 5 g d'argent à 900⁄1000, soit 4,5 g d'argent fin (pour la pièce de 5 F, celle de 1 F ayant seulement, 835⁄1000 d'argent fin).
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« L'argent revient à l'honneur : les pièces de ¼, ½, 1 franc, 2 francs, 5 francs, sont frappées dans ce métal. Mais sont aussi frappées pour la première fois des pièces de 20 et 40 francs en or, d'où l'appellation de « franc-or » qui s'imposera au milieu du 19ᵉ siècle.
Le franc français fut dévalué en 1928, puis plusieurs fois par la suite, mais la référence au franc-or subsista, d'autant qu'il avait été adopté comme monnaie commune par plusieurs pays de l'Union Latine de 1865 à 1927 (Belgique, Suisse, Italie, Grèce). Il restera la monnaie de compte de la BRI (Banque des Règlements Internationaux) jusqu'au 1er avril 2003, remplacée, depuis, par les DTS (Droits de Tirages Spéciaux). » (Wikipedia)
20 Francs Napoléon III de 1862
Contexte politique des Emprunts Russes :
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la France est politiquement isolée en Europe. Les tensions avec son voisin allemand se font sentir davantage chaque jour. La France tout logiquement cherche donc à développer une alliance de poids sur le territoire européen. C’est la Russie de l’époque qui deviendra cette « bouée de sauvetage » diplomatique.
En 1870, la France est en guerre contre l’Allemagne. Les tensions qui s’étaient accentuées entre les deux pays ont trouvé leur point de non-retour avec l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne. Outre cette annexion militaire (traité de Francfort - mai 1871), la France a été contrainte de verser à l’Allemagne, au titre des indemnités de guerre, cinq milliards de francs or. La France fera de même après la Première Guerre mondiale avec l’Allemagne. Cette défaite militaire et la volonté de reconquérir l’Alsace-Lorraine incitent les gouvernements français successifs à chercher les bonnes grâces de la Russie. Celle-ci est d’autant plus réceptive que sa source principale de capitaux, l’Allemagne, s’est tarie. Les Allemands investissent ailleurs, la Russie étant considérée comme un pays peu solvable.
L’État français qui, à l’époque, devait supporter son propre développement économique, a choisi de consolider les relations avec la Russie avec l’argent des épargnants français.
La Machine Gouvernementale se met en Route :
La Russie va émettre en France un grand nombre d’emprunts, soit des emprunts d’État, soit des emprunts de collectivités, soit des emprunts de différentes compagnies. Ces fonds permettront à la Russie de créer des dizaines de milliers de kilomètres de lignes de chemin de fer, d’ouvrir le Transsibérien, de développer des industries chimiques et minières.
L’emprunt russe de juin 1906 est un emprunt international signé par la Russie destiné à rétablir les finances après la guerre russo-japonaise (2,25 milliards de Francs couverts pour moitié par la France).
Avant cela, en 1822, l’État russe avait émis en son propre nom un emprunt en France, et en 1867, les compagnies de chemins de fer russes lancent en France un emprunt nommé « Nicolas » pour la construction de nouvelles voies en Russie.
Sans cet argent, l’État russe n’aurait pu atteindre si rapidement un tel stade de développement technologique.
Le Tonneau des Danaïdes :
Pendant trente ans, le gouvernement et les médias français vont encourager les épargnants français à investir en Russie, un total de près d’un tiers de l’épargne française, pour un montant d’environ 15 milliards de francs or. De 1887 à 1913, l’exportation nette de capitaux correspondait à 3,5% du PNB de la France.
Outre une campagne gouvernementale massive pour favoriser les emprunts russes, les médias français ont insisté lourdement sur l’intérêt d’aider la Russie. Plus tard, on apprendra que ces mêmes médias ont été grassement payés pendant plusieurs années par l’État russe qui leur versait de fortes commissions, en une véritable organisation de corruption de la presse française, avec des intermédiaires rémunérés, des comptes en banque secrets et des représentants à Paris. Parmi eux, Arthur Raffalovitch représentant du ministère des Finances russe, qui publiera un réquisitoire complet en 1937 : « L’Abominable Vénalité de la Presse ».
Dans cet ordre de malversations : le Scandale du Panama, à la fin du XIXe, dans lequel la compagnie chargée de creuser le canal avait acheté à coups de chèques le soutien de la presse française. Ce scandale avait déjà terni quelque peu la réputation des journaux.
On peut établir un parallèle saisissant avec les compromissions et mensonges actuels concernant la Chloroquine et la nécessité de Vacciner la population. N’oublions pas non plus le financement du Tunnel sous la manche, souscrit à 70% par des investissements français, en particulier privés.
Les banques n’étaient pas en reste. Lors de toute émission d’emprunt, la banque est rémunérée via des frais qu’elle perçoit à chaque fois qu’un investisseur décide de participer à cet emprunt. Pour le seul Crédit Lyonnais, on estime que 30% des profits réalisés avant 1914 l’étaient grâce aux seuls emprunts russes. De telles sommes expliquent, en grande partie, la surdité des établissements bancaires et leur manque de communication et de transparence financière.
Les commissions exigées de l’État Russe par nos banquiers furent de délirantes, et peuvent expliquer la répudiation de la dette par les Bolcheviques.
Les emprunts russes garantissaient à leur détenteur une « sécurité à 100% » (soutenus en cela par l’État français) et offraient des performances intéressantes au regard du marché financier de l’époque. Les émissions des emprunts se sont accélérées pour ralentir au début du XXe siècle. À l’époque, l’épargne d’un Français était sa « bouée de sauvetage » pour ce que l’on n’appelait pas encore retraite. Il n’était ainsi pas rare de voir une famille placer toutes ses économies dans des emprunts russes, comme on les aurait placées dans des emprunts d’État français.
En 1918, les Bolcheviques répudient l’intégralité de ces dettes. Plus d’un million et demi de Français avaient investi dans ces emprunts ; certains, forts des assurances du gouvernement français, y avaient placé toutes leurs économies, et se trouvèrent, du jour au lendemain, fort dépourvus, comme dirait La Fontaine, et ruinés menus.
Depuis, le gouvernement soviétique d’abord, la Fédération de Russie ensuite, ont considéré cette dette comme nulle et non avenue, au mépris des principes de droit international pourtant universellement reconnus. Les porteurs contemporains se sont toujours opposés avec véhémence à cette position sans toutefois parvenir à imposer le respect du droit aux gouvernements successifs de la Russie.
Je me suis aidé, pour les chiffres, d’articles parus dans :
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