Les peuples des steppes et de la Taïga (voir la carte inclue dans l’article "les Nenets, la Toundra et Moi", ou une expérience plus personnelle de ces peuples est décrite), se répartissent sur leurs anciennes zones de nomadisme, de la mer noire au fleuve Amour, via les plateaux de Mongolie et les Monts métalliques du nord Hongrie et de la Bohème actuelle.
Photo : Sergeydolya.livejournal.com
Ces peuples des steppes étaient éminemment nomades, même si des implantations telles que celle d’Arkaim (voit l'article "La Mystérieuse cité d'Arkaim"), sont une démonstration étonnante du savoir de ces tribus et de leur culture.
Donc pas ici de mégalithes ou expressions monumentales de foi. Les objets de croyances de rites et d’artisanat se doivent être transportables, et touchent aux exigences du nomadisme, dans leurs dimensions, leurs structures et matières.
Le Chaman, intermédiaire entre la Tribu et les forces de la Nature :
Le Chaman : un membre du groupe est intermédiaire entre la tribu et les forces incompréhensibles, inaccessibles qui gouvernent le monde. Il a pour fonction et attribut de chasser les peurs et canaliser et transmettre les espoirs. Cette peur, base de toutes les religions futures.
Il exécute les rituels fixés en fonction d’un indice (statistique ?) de satisfaction apparente des esprits, qui accèdent ou non aux vœux exprimés. Prégnance du magique; symboles et mots recèlent des pouvoirs occultes, secrets.
Il est aussi par ce biais, le guérisseur.
Par sa souplesse, son pragmatisme (contrairement aux religions instituées), et par sa disponibilité, il remplit une fonction d'adaptation à des situations de dénuement, difficiles pour le groupe ou l’individu.
Pour les peuples de Sibérie, l’univers est divisé en trois parties : les mondes Supérieur, Médian et Inférieur.
Le premier est peuplé de dieux, le second d’hommes, le troisième des âmes des morts. Les esprits vivent dans les trois mondes et donnent au chaman ses forces. Ce sont les Tiossi.
Les hauts lieux de traditions Chamaniques en Russie vont de la Karélie à l’Altaï, et particulièrement en Bouriatie, en République de Touva (Altaï), et en Kharkassie.
Devenir Chaman est une voie sans retour : la libération ne viendra même pas lors de la mort. Après la fin, l’esprit du chaman instruira et aidera les descendants.
La plupart des chamans vivent seuls, les esprits ne leur permettent pas de fonder une famille ni de s’occuper d’autre chose que de leur praxis. Ils vivent à la limite des deux mondes et ne sont pas compris des simples mortels.
Les esprits selon eux ne sont ni bons ni mauvais il faut juste s’entendre avec eux, des offrandes les apaisent. Lait, vodka, viande, animaux abattus selon les rites, sang.
Le chaman peut soigner ou maudire en fonction de sa volonté, mais il ne peut pas refuser de venir en aide à quelqu’un sinon il peut être puni sur sa propre santé, force et raison.
Le chamanisme est donc une conduite, une efficacité, une technique, à resituer dans le tout du groupe. Dans les sociétés de chasse, ses traits essentiels, sont : l’alliance avec les esprits de la « nature », le voyage de l'âme, la gestion de l’aléatoire par le rapport entre le chaman et les esprits, mais aussi la fluidité, car le chamanisme n’est pas figé : il intègre les événements et les expériences.
L'animisme ne consiste pas en croyances simples, mais dans l’observation qu'il y a des esprits avec lesquels on peut entrer en communication, par les rêves, par la parole. L’inconscient collectif identifie : la Montagne et le Fleuve sacrés, l’Arbre philosophique, le Lapis des alchimistes, la Mer, la Grotte, le Serpent, etc., qui prouveraient l’existence d’un « inconscient animiste ». Cet inconscient serait lié à la Nature.
Ce lieu particulier, ou s’inscrivent les rites, était élu, puisqu’il offrait une voie d’accès privilégiée aux divinités. Des sacerdotes (chaman ou pajé amérindiens, saltigui ou babalawo africains…) ont la connaissance ésotérique leur permettant d’entrer en contact avec l’autre monde. À l’aide de paroles rituelles et de plantes, ils voyagent pour recueillir la volonté des esprits et leur soumettre les besoins des humains : ils recommanderont les offrandes et rites qui leur permettront d’apporter la guérison, la pluie, la fécondité… L’intermédiation use dans certains cas du support de la transe qui peut être celle du sacerdote lui-même, ou du disciple.
Des instruments de percussion sont communément utilisés dans les rituels de chamanisme dans le sud Sibérie, et d’autres régions, pour provoquer, accompagner la transe, le voyage.
Les Chants de Gorge :
Le chant de gorge est une forme unique de pratique d’émission du son, dans laquelle l'interprète émet deux notes simultanément : le ton principal et la tonalité, c’est le chant Dyphonique. Ainsi, un solo à deux voix est obtenu. Un tel chant est caractéristique des peuples de Sibérie, de Mongolie, du Tibet et de certaines autres peuplades du monde : Japon, Canada.
Les Chamanes de la région de Touva (près de la Mongolie) sont particulièrement célèbres pour leurs chants gutturaux.
L'intérêt pour les chants de gorge ne cesse de croître en raison de leur nature exotique, en les entendant, vous vous sentez en contact avec une culture archaïque, remplie de mysticisme.
Le chant de gorge n'est pas seulement un style musical, mais aussi un outil de méditation, grâce auquel une personne rejoint le langage de la nature. C'est une sorte de pensée musicale et poétique, l’expression d’amour sans limite pour la nature.
Pendant les rituels les chamans émettent des vibrations sonores harmoniques aussi proches que possible de la fréquence initiale «saine» de l'organe malade. Ainsi, le processus de guérison d'une personne a lieu. Un état de transe aide le chaman à comprendre le type de son dont l’organe du patient a besoin. Les harmoniques dans la voix améliorent l'effet et contribuent à un changement dans l'état de conscience de la personne à guérir.
Liens vers des démonstrations de chants de Gorge :
Les Chamans pratiquent une série de techniques très en vogue aujourd’hui en occident :
Ce sont des herboristes complets, avec une connaissance profonde des plantes, allant jusqu’aux vénéneuses, les psychotropes et hallucinogènes, etc.
Ils connaissent les techniques de compression de certains points sensibles du type Shiatsu ou Reiki japonais.
Ils sont capables de remettre en place des entorses ou des membres déboîtés.
L’effet psychosomatique des danses est réel, et leur impact sur les sujets présents est amplifié par le groupe.
Ils utilisent l’effet conjugué de la mise état du Patient, par l’usage simultané du Costume à l’extravagance calculée, des chants gutturaux, des rythmes lancinants, en un scénario effréné.
Ils emploient les huttes de sudation. L’usage de la "Bagna" (Sauna Russe, voir cet article "La bagna, un art de vivre") est certainement lié aux pratiques chamanistes.
Un Haut lieu de Chamanisme :
Les piliers de Manipupuner. Ces piliers sont situés en République de Komi (voir article "La République des Komis")
Маньпупунёр : petite montagne au Totem
Vidéo sur ce site extraordinaire :
Agence de voyage spécialisée :
Les sept idoles (totems) de 30 à 40 mètres de haut se dressent dans les profondeurs de la réserve de Petchoro-Ilinski. De la colonie la plus proche, le village de Laksha, vous devrez marcher 40 kilomètres à pied, pour les atteindre. Je n’y suis pas allé et j’en eprouve un regret. J’ai juste connement chez moi, un gros silex de 10 kg ramassé au pied d’une des colonnes par un ami. Ses formes sont torturées, douloureuses. C’est du silex en bandes, mêlé de calcaire.
Extension du Chamanisme :
Le système chamanique dépasse largement la région sibérienne. Tous les continents ont des fonds d’animisme. Le chamanisme est une des grandes réponses imaginées dans diverses régions du monde pour donner sens aux événements et pour agir sur eux.
Partie de la Sibérie, (Les Bouriates sont bouddhistes et chamanistes), la pensée chamanique a essaimé de la Baltique à l'Extrême-Orient et a sans doute franchi le détroit de Béring avec les premiers Amérindiens. On observe des pratiques analogues chez de nombreux peuples, à commencer par les Mongols, les Turcs et les Magyars avant leur christianisation (voir carte dans l’article les Nenets, la Toundra et Moi), tous les peuples originaires de Sibérie, mais aussi au Népal, en Chine, en Corée, au Japon, chez les Scandinaves, chez les Amérindiens d'Amérique du Nord, en Afrique, en Australie, chez les Amérindiens d'Amérique latine et également chez les Celtes (druidisme orthodoxe).
Les guérisseurs des campagnes :
Si le chamanisme est répandu en Sibérie, dans la partie européenne de la Russie, les paysans se tournaient eux, vers les rebouteux (appelés « znakhar », « celui qui sait »), qui les soignaient avec des herbes, des sortilèges et autres méthodes. Les paysans croyaient que les maladies trouvaient leur source dans les mauvais esprits, d’où la nécessité de s’adresser à un tel guérisseur, plutôt qu’à un docteur, qui lui ne savait rien du monde spirituel où habite le mal.
La conviction, selon laquelle les maladies ne seraient rien d’autres que des esprits malins, faisait présupposer aux paysans que ces entités pouvaient être effrayées par quelque chose de tout à fait répugnant. Voilà pourquoi les choses les plus sales et dégoûtantes faisaient office de traitement.
Quelques remèdes utilisés par les guérisseurs :
Huiles de Briques Rouges pour le traitement des fractures :
Une brique rouge bien sèche, est broyée puis chauffée. On mélange la poudre avec de l’huile végétale, on fait bouillir et on tamise. La potion s’applique sur le membre fracturé.
Reine d’abeilles, Grenouille vivante, Cérumen, contre les morsures venimeuses :
Contre les Morsures de serpent, de chien enragé, et autres insectes piqueurs, plusieurs réponses :
Attraper une abeille-reine, la sécher. Réduite en poudre, une moitié est ingérée l’autre moitié est appliquée sur la zone.
Massage de la morsure avec du Cérumen, plus enduire de goudron le corps tout entier
Poser une grenouille vivante sur la plaie.
Urine remède contre les brûlures et les plaies
Massage a l’urine de bébé, pour les brûlures et aussi dans les cas d’hydropisie (jambes gonflées, œdème). Elle est versée dans les yeux en cas de cécité. L’urine est bue contre les contusions.
Excréments, le remède universel
Qu’ils soient d’origine humaine, d’oiseaux, de bovins, de chien, on les utilise soit séchés réduits en poudre, ou en cataplasme, et même en bain. Sensés soigner les douleurs diverses, les verrues, maladies de peau, etc.
Utilisation de techniques faisant appel au Feu
Danses et incantations au-dessus d’un feu guérissent la fièvre et certaines maladies inflammatoires.
Ces quelques exemples réels sont évidemment placés ici pour amuser la galerie.
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