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Photo du rédacteurAlain Mihelic

La Folie des Filous (Joulikis, ЖУ́ЛИКИ)

Dernière mise à jour : 20 oct. 2024

Aigrefins de tous poils, donnez-vous la main, la ronde du monde n’en sera que plus folle. Vous les petits margoulins, petits profiteurs, et tricheurs, un peu lâches, un peu rusés, beaucoup flemmards, adeptes aux mains crochues, de rapines et de prévarications, je ne parviens pas à vous trouver ni sympathiques ni excusables.

Ici l’Ombre Salvatrice :


1992, assez tard le soir, je rentre du travail à travers le parc Botanitchesky Sad, accompagné des deux secrétaires du bureau. Papotages, en anglais, variés et décontractés.

Tout à coup, j’ai une alarme, je sens furtivement un danger, en une fraction de seconde, je regarde nos trois ombres sur le sol projetées par un lampadaire et j’en vois une quatrième se rapprocher rapidement, je fais brusque volte-face, et me trouve devant un gars très athlétique qui en voulait surement à ma sacoche.

Le Malabar pile net. On s’observe une seconde. Il opère un demi-tour et reste immobile. J’attrape les deux filles et nous nous éloignons en vitesse vers un endroit plus éclairé, moi marchant à reculons pour surveiller le mastard.

Liasse en liesse :


1994, nos nouveaux bureaux sont situés près de la place Taganka, à 500 mètres du métro. Foule allant au travail, sur le trottoir, je file seul d’un bon pas. Tout à coup on me bouscule de derrière et un individu me dépasse en courant à petite vitesse. Il serre sous son bras un porte-document d’où s’échappent quelques papiers ainsi qu’une belle liasse de billets verts qui tombent à trois mètres devant moi.


Il disparait dans la foule. M’aborde alors un autre complice qui me propose, tout en ramassant la liasse et en faisant défiler les billets, de partager la somme dans un endroit discret. Je décline et continue mon chemin.


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Avec ou sans Masque, les crocs sont sortis

Belle auto, envole-toi comme mes rêves :


En 1994, Rauf, un puits de sciences, professeur, académicien, figure du métier, mon conseiller technique et ami, économise depuis 10 ans pour s’acheter une automobile.


L’achat ne peut se faire qu’en s’inscrivant sur une liste d’attente, longue comme le bras, dont on sort par le haut, soit avec beaucoup de chance, soit en aidant le destin.


Le fruit de ses rêves, une Lada blanche, vaut officiellement 4500 roubles, les salaires mensuels se trainent encore du côté de 300 roubles à ce moment-là.

L’attente a duré sept ans.

Il m’appelle, téléphone :« Joie Bonheur, j’ai ma voiture, j’en prends livraison cet après-midi ». « Félicitations Rauf, on l’arrose dès que possible ! ».


Le surlendemain, nouveau coup de tel, dans un sanglot « Alain….. parquée devant chez moi, je me lève ce matin......On m’a volé ma voiture !»


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Adieu Rêve de toute une vie

Filous Joueurs de cartes :


1995, depuis cinq ans, je suis assez bien aguerri aux potentielles filouteries en tous genres, mais l’imagination des fripons et escrocs, est sans limite.

Aéroport de Domodiedovo, je viens d’atterrir. À la sortie, recherche d’un taxi, rare. Une petite foule de passagers est en quête de son bonheur. Un monsieur devant moi, une quarantaine, bien mis, costume-cravate-attaché-case, arrête une voiture, se tourne vers moi et fait « Moscou ? On le partage ? J’hésite, mais la perspective d’une demi-heure à lutter pour un cab me décide. J’y go.

Volga un peu pourrie. Il me laisse monter à l’arrière, en premier. Devant, le chauffeur. On démarre, en sortie de parking aéroport, un gars fait des signes. Ça ne dérange pas les gars si on le prend ? Bah pff non d’accord.

Le bonhomme monte devant à côté du chauffeur. On repart. Très vite, la conversation s’amorce sur le jeu de carte. Il me colle sous les yeux une belle liasse de billets verts. « Non merci, je ne joue pas ». Mon voisin sort un jeu de sa mallette, « je vous apprends si vous voulez ». Tous complices ! Ouille pétrin.

Ralentissement encombrement, arrêt. Je pense sérieusement à sauter en marche, mais mes yeux se posent sur le loquet de fermeture de sécurité de la portière : euh… pas de loquet, elle ne s’ouvre que de l’extérieur ! Pas de manivelle pour ouvrir la fenêtre !


Chaleur, coincé. Ils peuvent m’emmener ou ils veulent, et me faire un mauvais coup. Discussion, arguments. Je reste inflexible. « Je n’ai pas un sous ». Colloque entre eux. Encore une tentative pour me convaincre. Rien à faire. Route à gauche, ils me laissent au premier métro.

Je sors enfin en les remerciant pour la leçon. Quart d’heure d’angoisse.

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Filous, tu les laisses faire, tu te retrouves à poil.

La Méprise :


En 1996, sortie de métro, j’attends dans la voiture, mon visiteur qui devrait sortir d’une seconde à l’autre. J’avais déjà, à cette époque, pris l’habitude de fermer les portières du véhicule, à l’arrêt ou en roulant, dix ans d’Afrique obligent.


Je guette tranquille la foule et je cherche mon voyageur. Dans le flot, je note machinalement un individu qui jette un œil furtif de mon côté. Bien mis, costard cravate, petit porte-document mode, la mini-cinquantaine, beau mec. Je le perds du regard. Quelques secondes après, ce même gars tente d’ouvrir ma portière côté passager.


Devant la résistance, il se penche pour s’excuser de la méprise et passe son chemin.


Excuses trop véhémentes pour être honnêtes. Content de m’en tirer à si bon compte et sans complications.


aigrefin, arnaqueur, bonneteur, coquin, crapule, Salopards, Russie
À l'Agression, toujours Prêts

Organisation en grand :


En 2005, nous vivons dans un appartement de standing, près de l’ambassade de France. Gardien, surveillant les entrées de l’immeuble, et régulant l’accès au parking proche. Pas de contrôle au portail de la résidence.

Un de nos voisins vient d’acheter une belle voiture étrangère de prestige, petit agglutinement autour, commentaires positifs ; il ne peut pas en être autrement, c’est une figure politique en vue.


Le surlendemain, nouvel attroupement pour commenter : la jolie voiture a disparu. Un évacuateur est venu en plein jour, au vu de tous, embarquer le véhicule, sous le regard du concierge, qui dira « comment j’aurais pu penser à un vol, j’ai cru à un problème mécanique », « et le numéro du camion ? », « euh…..non pas pensé ».

Rodéo à 100 à l’heure :


2010, en semaine, je me rends à la datcha en voiture. Parcours archiconnu. Route à 2 fois 3 voies. Feux tricolores à 400 mètres, file dense de voiture sur ma voie, je jette un œil dans le rétro et change doucement de voie. À ce moment surgit derrière moi une BMW qui vient toucher de son rétroviseur ma carrosserie au niveau de la portière passager.


Surpris, je reviens sur ma file initiale. Klaxon, cris, des signes pour que je m’arrête, on parcourt encore un kilomètre avant de pouvoir stationner. Quatre gars musclés descendent de leur voiture, me montrent leur rétro pendouillant lamentablement par ses fils de commande. Ça vaut 1000 dollars, on transige.

500 dollars plus tard, j’étais soulagé de m'en tirer entier, même si mon portefeuille, lui, pleurait.


Bien sûr, tout était factice, cette technique d’accrochage était employée couramment pour extorquer les automobilistes. Il faut saluer la maestria des chauffeurs-flibustiers, capables d’apprécier au centimètre la position des deux véhicules.

Le gardien de notre datcha, a, lui aussi, été victime d’une arnaque de ce style. Ces commandos de fripouilles ont sévi pendant un long moment sur nos routes. Cette expérience m’a servi pour l’épisode suivant.


Salopards, Rodéo, Extorsion, Russie
Tout Sourire dehors, tout Fielleux et Perfide dedans


Encore plus fort, Rodéo et Gymkhana :


2011, sur Prospect Mira, une grosse avenue à 2 fois 4 voies, vitesse élevée, même scenario qu’en 2010, un coup d’œil dans le rétro, la voie adjacente est libre, j’amorce à peine un changement, qu’éclatent les coups de klaxon et les cris des deux occupants d’une (encore) BMW. On me demande de m’arrêter.


J’obtempère. Je ferme cependant mes portières, ouvre à peine ma vitre. Le chauffeur descend et vient se plaindre que je l’ai accroché et que son rétro est cassé. Du coin de l’œil dans mon rétro intérieur, je vois que son complice s’est glissé discret hors de sa voiture et est arrivé à ma hauteur côté passager et tente d’ouvrir ma portière.

Salopards, Rodéo, Extorsion, Russie
Que fait-on aux nuisibles, aux pervers, aux tordus, aux venimeux

J’embraye sec et m’échappe dans le flot de véhicules. Ils cavalent derrière moi, et me bloquent un kilomètre plus loin contre le trottoir.

Je monte la bordure en avertissant les piétons, crochet par le gazon, retour sur l’asphalte et je file de plus belle. La situation se renouvelle trois fois, trois fois, je m’échappe. La course continue ; plus puissants, ils me rattrapent sans problème et me coincent à nouveau en perpendiculaire par rapport à l’avenue.

J’opère une marche arrière qui les surprend et je fonce. Au loin devant, j’aperçois un véhicule de police.

Mes poursuivants l’ont vu aussi, et comme cadeau d’adieu, ils me tamponnent par l’arrière si violemment que je me retrouve sur la file de côté, de biais, au milieu de la circulation dense.

Je m’arrête derrière la voiture de la milice, les salopards s’en vont. Je vais expliquer le cirque au porte-képi, qui m’engueule et m’enjoints de dégager. Merci pour l’aide.


La poursuite a duré presque 15 minutes dans un trafic intense, et avec un tel stress, et une telle pression, que je m’arrête dans une petite rue adjacente pour calmer un peu le palpitant, et m’assurer aussi que les zozos ne m’attendent pas plus loin.

En repartant, j’emprunte des chemins de traverse.


Salopards, Extorsion, Russie
Mignonnes ? Les plus Dangereuses ?

Petit dessin pour ne pas oublier aussi que les Filoutes sont encore plus nombreuses. Mais c'est là une autre page d'histoires.


Depuis ce temps, le monde a evolue et les escrocs aussi. Petite revue des arnaques plus modernes.

Arnaques à la Mode d'aujourd'hui :


Ah, les fripouilles d'hier et d'aujourd'hui ! Autrefois, elles couraient les rues, créant des scénarios plus rocambolesques les uns que les autres. Les billets de banque qui volent, les voitures qui jouent à cache-cache... Mais de nos jours, ces filous ont troqué leurs habits de voleurs de rue pour devenir des génies du clavier, œuvrant dans l’ombre digitale, intervenant dans vos ordinateurs et vos téléphones.

 

Prenons un instant pour réfléchir à ces fripouilles modernes. Avant, il fallait au moins un peu d’effort physique : des courses poursuites en voiture, des stratagèmes d'une complexité étonnante, des complicités bien huilées dans un scénario digne d’un film. Mais aujourd'hui ? Eh bien, ils n'ont même plus besoin de se salir les mains. Grâce à l’internet, il suffit d’un clic pour subtiliser des informations, piller des comptes bancaires, ou s’approprier vos données personnelles.


Avec les escrocs numériques, c’est un peu comme si le génie de l’arnaque avait gagné en paresse et en créativité à la fois. Prenez les mails de phishing, ces messages soi-disant envoyés par "votre banque" ou "l’administration fiscale". Les fripouilles 2.0 se glissent maintenant dans nos boîtes mails, avec des messages bien ficelés, tentant de vous appâter avec des promesses (ou des menaces !) dignes de ces larrons des années 90 qui vous proposaient de partager des liasses de billets.


Et que dire de l’arnaque aux faux sites ? De nos jours, il n'est plus nécessaire de se mettre en costard-cravate pour paraître respectable. Il suffit d’un beau site web bien conçu, d’un logo volé et hop, l’affaire est dans le sac. En quelques clics, l’escroc digital peut vous vendre un produit qui n'existe pas, siphonner vos informations bancaires, ou vous faire souscrire à un abonnement dont vous n'entendrez plus jamais parler (sauf quand vous verrez votre compte débité !).

Les Faux Sites


Même les arnaques sentimentales ont pris une tournure digitale ! Avant, il fallait au moins se donner la peine de vous charmer en face-à-face. Aujourd’hui, nos chers fripons peuvent se cacher derrière des écrans, vous faire croire à une romance en ligne digne des plus grands romans d’amour, et vous extorquer de l’argent pour des « urgences » qui n’existent que dans leurs têtes. Vous pensiez être tombé(e) sur l’amour de votre vie, mais en réalité, c’était un hacker roublard operant depuis un café internet.


Ce qui est remarquable avec ces fripouilles modernes, c'est leur capacité à évoluer. Avant, ils devaient affronter la loi dans la rue, avec un risque palpable de se faire attraper. Aujourd’hui, ils opèrent de manière beaucoup plus subtile, cachés derrière des pseudonymes et des adresses IP, souvent dans des pays où les juridictions se perdent dans un dédale bureaucratique.


Alors que faire contre cette génération de filous numériques ? À l'ancienne, on surveillait ses poches, on évitait les inconnus louches dans la rue. Maintenant, c’est votre boite mail et vos informations bancaires qu'il faut protéger avec une vigilance toute aussi aiguisée.


Après tout, qu’ils soient dans les rues de Moscou ou dans les méandres du web, une fripouille reste une fripouille : rusée, inventive, et toujours à l’affût de la prochaine proie facile !


Paranoïa digitale


Pour conclure, les margoulins modernes ne volent plus des voitures, ils volent des identités. Mais avec un peu de bon sens, et peut-être un soupçon de paranoïa digitale, on peut espérer, tout comme dans les années 90, esquiver leurs filets et traquenards

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