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Photo du rédacteurAlain Mihelic

Anecdotes (1990 à 1997), épisode 2

Dernière mise à jour : 4 oct.

Suite de l’Article : ANECDOTES ( 1990 - 1997 )


Ajoutons à l'épisode précèdent, quelques éclats de vie, et anecdotes, en cette fin d'union Soviétique et aux tout débuts d'une nouvelle ère.


Instrument

En 1992, un de nos techniciens, français, en mission en Sibérie pour un mois, se voit proposer sur place, d’acquérir une contrebasse, magnifique instrument, en bon état, pour la somme ridicule de 5 dollars. Achat conclu.

En fin de chantier, au moment du départ, il prend conscience enfin, que la charmante (le mastodonte), rentre mal dans le bagage et pas trop bien en soute.

Il faudrait acheter un billet d’avion pour la bête.

L’instrument est resté en Sibérie. À pleurer.


La belle contrebasse

Les Sanglots longs de la Contrebasse de l’automne


Dans la même veine musicale, un saxophone alto est acheté à Moscou, pour 7 dollars par Claude.

Passage à la douane aéroport, le gabelou refuse l’exportation et se réjouit déjà de confisquer l’instrument, quand mon collègue s’aperçoit en manipulant l’engin lors de la palabre, que la machine à vent a été fabriqué en Tchécoslovaquie, et fait valoir son droit à l’exportation.

Mine grise du douanier qui se voyait déjà propriétaire d’un bel outil.


Saxophone Basse

Mais Non….. Alto j’ai dit ?!


En 1993, anecdotes à Atyrau

Sur la mer Caspienne, en voyage avec Andrey mon collègue et traducteur, pour contacter la compagnie pétrolière locale.

Arrivée à l’hôtel, un grand hôtel "d'affaires".

À peine dans la chambre, passage à la salle de bain. La pression de l'eau est si basse que rien ne sort des robinets au 12ème étage. Scandale, Andrey savait bien y faire. On nous déménage donc au huitième étage. Toujours pas d'eau, relogés au deuxième. Nous nous sommes posé la question : les chambres des étages supérieurs étaient-elles réservées à ceux qui ne se plaignaient pas... ou ne se lavaient pas ?


L’ eau Courante, le Vrai luxe

L’ eau Courante, le Vrai luxe


Dans le Métro

Je suis de retour du bureau en 1992, à une heure assez tardive disons 21h00, accompagné d’un excellent technicien, Joël, qui rentre de chantier en proche Sibérie. Métro quasi vide, nous papotons à haute voix.

Je remarque bien un beau brin de fille qui ne nous quitte pas des yeux. Notre conversation semble la captiver…comprend-t-elle ? L’insistance est telle que c’est une véritable invite.

Station, les portes s’ouvrent, elle se lève sans nous lâcher des yeux en se dandinant élégamment, et se tourne vers nous porte franchie. J’exhorte Jojo ! Vaz-y ! Euh bin comment je te retrouve ? Jojo on s’en fout fonce ! Il se lève, paf trop tard, les portes se referment. Fille indéniablement déçue sur le quai.


Jolie fille attendant le metro

Être étranger en ces temps-là n’avait pas que des inconvénients.


Douanier Prestidigitateur

En 1996, contrôle de devises à l’aéroport. La limite pour les étrangers est fixée à moins de 2000 euros à l’export. J’emporte 1980 euros. Déclaration écrite. Fouille en règle. Paf j’avais oublié un billet de 50 dans une poche latérale de mon bagage. Ouille.

On m’emmène dans une petite salle annexe, ou je suis seul avec un douanier prestidigitateur. Je re-signe une déclaration ou je confirme que la somme en euros dépasse le quota et ou j’accepte la saisie de 30 euros. Nous re-contons les billets. Tout est bien, dans les règles. Sourires.

Quand je recompte une nouvelle fois les billets à l’arrivée, il en manque un de 50 ! Joli coup. Je n’ai rien vu.


Costume de douanier

Les Galéjades au Galop du Galant Gabelou Galonné


À Usinsk, chez les Gars du Nord

En déplacement pour le travail à la limite du cercle polaire arctique, j’assiste au petit matin à l’opération de démarrage des camions. Il fait moins 40 degrés, les engins bien sûr, sont parqués à l’extérieur.

L’huile des moteurs est figée. Toute tentative de démarrage dans ces conditions, est vouée à l’échec. Le conducteur s’affaire et prépare huile, papier, bois, petit chalumeau a gaz, amoncelle le combustible sous le moteur du véhicule, et y met le feu.

J’en suis limite épouvante. Le gars entretient calmement son incendie. Après 20 ou 25 minutes de rituel satanique, il se met au volant et démarre (non sans mal) sa machine !


Chauffage de la Camionnette

Pour la précision, à Usinsk, il s’agissait d’un 35 tonnes !


À Moscou en 2016,

Dans le meme ordre d’initiative flamboyante, par grand froid, sur la rocade périphérique, je double un camion, dont le réservoir de carburant est en feu. Curieux je reste à sa hauteur : des chiffons enflammés trempent directement dans le bac de diesel, et entourent langoureusement la cuve, pour la réchauffer.

Ici le gas-oil est d’assez mauvaise qualité et fige vers moins 20 degrés, la parade est simple et évidente, mais faut oser.


Incendie sous un camion

Euh non…. quand meme pas à ce point



Camions Benne en Sibérie

Ces camions mange-tout et a tout prendre, ont la particularité d’avoir une benne ouverte, mais à double paroi, dans laquelle passent les gaz d’échappement afin de réchauffer le contour de la matière transportée. Cet aménagement système D-iste, permet un « démoulage » et un déchargement aisé. Surprenant de voir les gaz dru-jaillir par 2 orifices de part et d’autre du honteux et hideux haillon arrière.


Camion Benne poursuivi par des ours Blancs

En Sibérie, Camion Benne poursuivi par des ours Blancs

photo : Sputnik



Boire pour affaires

Dans les cercles professionnels, boire était (est encore mais dans une moindre mesure) un signe que vous êtes une personne digne de confiance, puisque votre langue sera bien pendue-déliée après une bouteille ou deux et que vous ne craignez pas de relâcher aucun secret ou n’avez envie d’entourlouper, bref que « vous êtes des leurs ».


Lors de mon tout premier séjour en Sibérie, j’ai été baptisé à cette mode par Robert I. (Voir cet article a venir). Je n’avais jusque-là et de toute ma vie, bu moins d’une demi bouteille d’alcool fort, c’est dire l’impréparation.


Après les discussions techniques approfondies et sérieuses, je suis invité à passer à table avec tout le staff opérationnel. La ronde infernale de la vodka a duré jusqu’au matin. La technique des assaillants était rodée, et difficile d’échapper au massacre.


Le lendemain tôt, réunion, convocation de la presse pour discours pro-environnemental, et signature des contrats. Voilà une attribution de marché rondement menée, et un foie bien malmené.


porter un Toast

Foin du coup de force foireux des foreurs cette fois mon foie freine devant cette folle frénésie


Quelques années plus tard, dans la ville d’Orenbourg, après avoir beaucoup donné sur le plan hépatique, j’ai la perdu un marché et la confiance de mes hôtes, parce que j’arrosais un peu trop les fleurs avec la vodka.


Mise a table

Bouquets Ivres en Fin de Soirée


Il faut dire que j’avais à faire à 2 tueurs qui comptaient non au verre mais a la bouteille. Après le septième carafon (à quatre), les plantes qui décoraient la table m’ont servi à évacuer le trop plein. Je n’ai pas forcé sur la discrétion. Colère froide en face. Regrets bien-sûr, mais aussi soulagement. Ils nageaient dans un fleuve d’alcools forts. Depuis on les appelle les bateliers de la Vodka.


Affiche : refuser l'alcool

Refuser : mission Impossible



Sur Krimsky Val en 1994,

Notre immeuble comporte 3 entrées de distribution vers les escaliers (padiezd) menant aux étages.

Toutes donnent sur la grand-rue. À chacune s’ouvre au rez-de-chaussée sur un vaste sas. Dans chacun de ces halls est improvisé une cabine pour la concierge, dont le rôle consiste moins à ouvrir les portes ou à informer les visiteurs, qu’à contrôler qui fait quoi et qui voit qui. Les concierges sont des annexes du renseignement.


Immeuble sur Krimsky Val, dans les années 80

L’Immeuble sur Krimsky Val, dans les années 80


Un après midi, comme le nain, je rentre du boulot en sifflotant hey ! Ho ! Arrivé devant le porche de l’immeuble, calamitas, j’ai oublié la clef. Je sonne–concierge. Pas d’âme dans la cage. La mercenaire centenaire est partie draguer.


J’attends un moment puis je vois la porte d’entrée plus à droite, s’ouvrir. Une expatriée de mes connaissances sort pour ses courses, tenez la porte ! Je fonce. Tiens dans ce vestibule, pas de concierge. Je décide de frapper à l’appartement immédiatement à gauche, dont je savais qu’une issue donne aussi sur ma cage d’escalier. Pas de réponse, mais bah ! La porte est légèrement entr’ouverte ! Je pousse un peu, je jette un œil. Personne. J’appelle. Toujours pas de réponse. J’entre un peu beaucoup dans un large couloir traversant, et j’avance vers la sortie opposée, qui me permettrait de filer chez moi. Au passage j’arrive à hauteur d’une pièce dont la porte est béante.


Là, siège un opérateur, casqué d’écoute sur la tête, devant un grand standard téléphonique à l’ancienne avec des câbles et fiches à enfoncer.


Pupitre de telephoniste

L'Artiste a son Pupitre


Je reste un instant hésitant, rebrousser chemin ou foncer vers la délivrance. Le gars se retourne, il est aussi étonné que moi et commence à me hurler des « qu’est-ce que vous faites la ! » J’explique, il se calme prend les infos, qui je suis ou je crèche, et m’ouvre la porte vers mon hall désiré. J’étais tombé sur l’antre des écoutes téléphoniques de tout le bâtiment dont la moitié est habité par des étrangers.


Depuis bien sur Face-de-Bouc et autres Gogues, ont fait mieux.

Immeuble a Moscou

L’autre Façade de l’immeuble


Sur Krymsky Val, en 1994

Je rentre de course, lesté de 2 sacs de victuailles bien chargés, par un petit passage, étroite trouée dans le corps d’un bâtiment d’habitation, juste assez large pour une voiture. Le passage tunnel fait 15 mètres de long. J’en ai parcouru une bonne moitié, quand éclate un hurlant coup de klaxon derrière moi. Je continue d’avancer mais sans presser le pas, peu d’autre solution ni issue rue trop étroite pour se garer des voitures.

J’entends les portières de 2 vehicules claquer et 4 costauds, trop costauds pour être honnêtes, se ruent sur moi. Je lâche mes sacs, me fais saisir par le col, le bourreau en chef arme son poing, quand Ludmilla qui m’accompagne se met à hurler que frapper un étranger qui travaille à l’ambassade ne va pas se passer sans problème pour eux, que ceci que cela sur un ton hystérique.

On me lâche, on discute et dispute derrière moi, je reprends mes provisions et me carapate d’un vol léger, en m’assurant d’un œil qu’ils ne s’en prennent pas aux témoins. Ouf j’ai eu plus que chaud.



Le Social et ses limites

Dans les premiers temps après l’ouverture, dans les années 1990, dans les files d’attente, à l’aéroport, dans les administrations ou meme dans les magasins, surgissaient les bonnes habitudes des années de disettes, quand prendre sa place dans la file ou la conserver, était une question de survie. Ces queues vous faisaient appréhender, comprendre, comment des mémés a l’aspect respectable, peuvent soudain montrer les crocs, bousculer et hurler pour se justifier de passer devant vous. Ces temps sauvages s’éloignent peu à peu, et l’asociabilité rejoint les normes européennes.


Une file d'attente devant un grand magasin


Bousculade intentionnelle

Années 90 et plus, les gens ne dédaignaient pas de vous bousculer sur les trottoirs ou dans le métro, sans qu’il y ait besoin d’une foule compacte, qui aurait pu expliquer si ce n’est excuser. Simplement c’était : je t’ignore, tu n’existes pas et j’avance droit mon chemin tant pis si tu traines dans le circuit.

J’étais extrêmement choqué de ces grossièretés primaires. Cette désinvolture ce mépris, me paraissaient tenir d’une autre civilisation, d’un autre continent. Ces petites agressions du quotidien se sont estompées, les gens ont semble-t-il appris l’évitement naturel, en usage dans les contrées européennes.


Traduction d’une Forme de compensation, de soulagement ; expression des inhibitions et frustrations accumulées ? (Voir Article :" Appartements Communautaires")



En 1997, à Orenbourg

Je suis invité par une société pétrolière dans le sud du pays, à Orenbourg pour visiter un chantier de forage afin de préparer la mise en place d’équipements spécifiques. Ce genre d’invite à toujours un fond technique pour cacher un traquenard.


Au programme, 2 installations à inspecter, la première en matinée, sans surprise, la seconde après une longue balade en hélico au-dessus de la steppe, impressionnante par sa relative nudité : pas un arbre pendant des dizaines de kilomètres, sauf au creux de rares vallons. Spectacle fascinant, d’une monotonie hypnotisante, herbes vert tendre, moirées d’argent, ondulant au gré du vent sous le soleil printanier.


Avant de se rendre sur le site, passage par le restau ou nous attendent les équipes responsables. Et c’est là que les difficultés commencent. La tradition du repas Russe demande, exige même que soient portés des toasts entre et pendant les plats (Voir Article : Le Toast ou comment Trinquer comme un vrai Russe).


Quand l’assemblée est assoiffée et nombreuse, gare au foie. Et ces mécréants savent y faire pour vous forcer sans violence apparente, mais avec une insistance un peu vicieuse.


Une belle tablee de copains

Sans Foie, ni loi


Bref pour marcher c’était dur mais j’avais un appui sur en la personne du patron des activités forage de la compagnie. Nous arrivons sur l’appareil de perforation, et je me prends d’une envie stupide de vouloir assumer mon rôle de conseil et supervision. Par un escalier digne des « Pieds Nickelés », je monte sur les bassins de stockage d’un fluide verdâtre et chaud, qu’on appelle fluide de forage, et m’avance suivi de mon mentor, vers l’emplacement promis pour le montage de mes équipements.

Une grille de la passerelle traitreusement s’échappe sous mon pied et me déséquilibre, je tombe à demi dans le bac, on me soutient, on me remonte, on me karchérise, on me congratule, on se fout de moi en se voilant, on m’emporte à table pour fêter mon sauvetage et m’achever.


Une vodka en tete a tete

La Traitrise tient en si peu de volume


Je ne me souviens pas du voyage retour. J’ai obtenu le contrat.

Zetaient contents, zon-bien-ri.



Au début des années 90,

les gens se débarrassaient de leurs reliques soviétiques pour pouvoir simplement survivre. Dans l'un de ces marchés sauvages de Moscou, s’agglutinaient des milliers de vendeurs, chacun ayant son petit lopin où étaient exposés quelques objets pathétiques.


Samovars a vendre

Samovars à l’encan

Cela ressemblait à un gigantesque marché aux puces, où les objets les plus populaires provenaient des stocks militaires. On pouvait acheter un fusil, un casque... ou une paire de chaussures, tout l’accoutrement depuis le par-dessus jusqu’à la chapka. Un homme en particulier se tenait depuis le matin devant une unique paire de bottes... qu'il offrait pour 1 $. Les bottes étaient bien faites, très solides et lourdes. Elles auraient valu au moins 100 à 200 $ en Occident. Mais là, le pauvre homme était ravi de les vendre pour un seul dollar – et acceptait de rester debout dans le froid pour l'obtenir son écot. Les bottes m’allaient parfaitement : je les porte encore occasionnellement.


brocante : samovars et Fer a repasser

Des Fers à Dix sous c'est pas Cher



Marché d'Izmailovo aujourd'hui

Le Marché d'Izmailovo aujourd'hui


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