
Bienvenue au pays des Cosmonautes
Le plus grand cosmodrome du monde
Vous cherchez le plus grand cosmodrome du monde ?
Oubliez les Amériques - le mastodonte spatial c’est Baïkonour !
Avec une superficie de 6 717 km² (le Luxembourg c’est 2550 km²), Baïkonour est un véritable géant. Plus de 10 000 employés s’activent chaque jour sur ce site. En tout, près de 5 000 lancements y ont été réalisés. Des fusées mythiques comme Soyouz, Proton, Molniya, Zenit, Energia… ont toutes décollé de là.
Les sites de lancement qui ont bâti la légende ? Les sites 1 et 31 sont les stars du show. C’est depuis le site 1 (renommé le « Départ de Gagarine ») que le premier homme est parti dans l’espace. Le site 31, lui, s’occupe du lancement des fusées "Progress" (pour le cargo) et "Soyouz" (pour le personnel).
Baïkonour a été construit à partir 1955, au plus fort de la guerre froide, comme base de développement pour les missiles balistiques intercontinentaux et les fusées spatiales. À partir de 1957, il est devenu le centre névralgique des programmes spatiaux soviétiques.
Mais au fait, où se trouve Baïkonour ?
Baïkonour est située au Kazakhstan, dans la région de Kyzylorda, au bord du fleuve Syr-Daria. Pour vous situer, c’est entre la ville de Kazalinsk et le village de Dzhusaly, non loin de Toretam (anciennement Tyura-Tam).
Si vous arrivez à prononcer tout ça correctement du premier coup, vous méritez une médaille.
Allons, je vous mets une carte pour fixer les idées.

Carte google de la zone Centre asiatique

Par rapport aux Mers Caspienne et Aral

En plus précis, mais au milieu de nulle part
Une infrastructure colossale
….. Construire Baïkonour, un défi démesuré.
En 1956, ont démarré les travaux de creusement de la première rampe de lancement. Pour ce faire, une fosse de 45 m de profondeur, 250 m de long et 100 m de large (vous imaginez la piscine olympique !) fut creusée. Plus d’un million de mètres cubes de terre ont été déplacés, et 30 000 m³ de béton coulés.
Durant les periodes les plus intenses, jusqu'à 15 000 m³ de terre étaient extraits chaque jour. ( la taille du service de nettoyage !...)
Pas moins de 60 camions-bennes travaillaient jour et nuit sous la lumière des projecteurs.
En 1 an et 4 mois, la première rampe de lancement était prête. Efficacité soviétique oblige !

La Bête dans les Blocs de Départ
Le cosmodrome abrite aujourd'hui :
12 rampes de lancement (dont 6 encore opérationnelles)
11 bâtiments d’assemblage
400 km de voies ferrées
1 000 km de routes
6 000 km de lignes électriques
2 aérodromes de premier ordre
Une usine d’oxygène et d’azote (O2 pour nourrir les moteurs de fusée et N2 pour assurer la mise en pression des réservoirs, purges des conduites et refroidissement).

L’ensemble des Installations de Baïkonour

Un petit Train de sénateur
Un passé glorieux
Baïkonour, c'est un peu le "Hollywood" de la conquête spatiale. Voici le film :
Le 15 mai 1957, l'ICBM R-7 décolle pour la première fois du site d'essai . Le lancement a échoué : en raison de l’explosion de l'un des blocs latéraux, les moteurs se sont arrêté 98 secondes après le début du vol. La fusée a parcouru environ 400 km.
Le premier lancement réussi du R-7 a eu lieu le 21 août de la même année

Incendie dans le ciel avant la mise à feu
21 août 1957 – Lancement réussi du premier missile balistique intercontinental (ICBM).
4 octobre 1957 – Lancement de Spoutnik 1 : le premier satellite artificiel de la Terre.

Le Satellite PS-1, Historique !
Vladimir Vdovine / RIA Novosti
Le lanceur Spoutnik, créé sur la base du R-7, a propulsé le premier satellite artificiel de la Terre, PS-1, en orbite proche. Son vol a permis d’étudier les couches supérieures de l’ionosphère.
Le 2 janvier 1959, le lanceur Vostok-L (basé sur le R-7) a lancé la station interplanétaire automatique (AIS) Luna-1 (photo) sur une trajectoire vers la Lune – il fut le premier vaisseau spatial de l'histoire à devenir un satellite artificiel du Soleil. La station a réussi à enregistrer le champ de rayonnement externe de la Terre, à mesurer les paramètres du vent solaire et également à étudier le champ magnétique de la Lune.

Luna 1 la Station interplanétaire automatique
David Sholomovich / RIA Novosti
12 avril 1961 – Youri Gagarine devient le premier homme à aller dans l’espace à bord de Vostok 1. "Poyekhali !" ("C'est parti !") — et le monde n’a plus jamais été le même.

Gonflé le mec !
RIA Novosti
Un retour un peu… mouvementé
Gagarine a été éjecté de la capsule à 7 000 mètres d'altitude lors de son retour sur Terre — car le système de freinage n'était pas conçu pour permettre un atterrissage en douceur. Il a atterri en parachute dans un champ près de la rivière Volga. Une paysanne et sa fille, qui travaillaient dans ce champ, ont eu une belle frayeur en voyant un homme en combinaison orange avec un casque blanc estampillé "СССР" (URSS) descendre du ciel ! Il leur a simplement dit :
"Je suis un ami. Je suis venu de l’espace !"
Comment trouver plus rassurant que ça ?
Gagarine n'était pas seulement le premier homme dans l’espace : il est devenu une icône mondiale. Son sourire légendaire, sa personnalité chaleureuse et son exploit héroïque ont fait de lui un véritable symbole de la conquête spatiale.

A la Gloire de Gagarine !
Le 1er novembre 1962, le premier vaisseau spatial de l'histoire à être placé sur une trajectoire de vol vers Mars.

Vaisseau Mars-1
RIA Novosti
Le lancement du vaisseau spatial Mars-1, a été effectué à l'aide du lanceur Molniya. Malgré la perte partielle de contrôle, la station a transmis des informations à la Terre sur l'état de l'espace proche de Mars.
Par la suite, les séries Venera, Vega ont pris le relais des explorations du système solaire.
Valentina Terechkova a volé dans l'espace le 16 juin 1963 à bord de Vostok 6.

Près de l’ascenseur pour les Etoiles
RIA Novosti
Elle est ainsi devenue la première femme de l'histoire à aller dans l'espace. Son vol a duré 2 jours, 22 heures et 50 minutes et elle a effectué 48 orbites autour de la Terre. Elle avait seulement 26 ans à l'époque !
Elle a été sélectionnée parmi plus de 400 candidates et n’avait jamais été pilote avant de devenir cosmonaute — mais elle était une excellente parachutiste avec plus de 120 sauts à son actif.
Le 23 avril 1965, le premier satellite de communication soviétique , Molniya-1, a été lancé dans l'espace depuis la steppe kazakhe

Molniya-1 au musée de l’Astronautique de Moscou
Chronique photo d'Alberta Pushkareva / TASS
Les satellites de la série Molniya ont permis de résoudre le problème de la fourniture de communications téléphoniques et télégraphiques aux régions reculées de l'Extrême-Nord, de la Sibérie et de l'Extrême-Orient. Ces satellites utilisaient une orbite fortement elliptique, connue sous le nom d'orbite de Molniya, qui leur permettait de couvrir les hautes latitudes de l'hémisphère nord, offrant ainsi des services de communication plus étendus.
Le 20 janvier 1978, le premier lancement du vaisseau cargo Progress, a été effectué à l'aide du lanceur Soyouz-U . Deux jours plus tard, il s'est amarré avec succès à la station orbitale Salyut-6

Un sacré Progress
PJSC « RKK Energia » nommé d'après S.P. Korolev
Le programme Progress a débuté dans les années 1970 pour répondre aux besoins de ravitaillement des stations spatiales soviétiques, comme Saliout 6 et Saliout 7. Depuis, il a continué à évoluer et est utilisé aujourd’hui pour ravitailler la Station Spatiale Internationale (ISS).
Plus de 170 missions ont été effectuées avec succès.
Le cargo Progress est essentiel au fonctionnement de l’ISS. Il assure le ravitaillement tous les 3 à 4 mois et permet d'éviter l’accumulation de déchets à bord de la station. Il reste un élément clé de la logistique spatiale, aux côtés des cargos américains Dragon (SpaceX) et Cygnus (Northrop Grumman), ainsi que du cargo européen ATV (retiré du service).
Saliout 7 est une station spatiale lancée le 19 avril 1982. Elle était la dernière de la série Saliout, avant l’introduction de la station modulaire Mir.

La Station Orbitale Salyut-7, avec le vaisseau spatial T-14
Un grand Salyut de puis l’Espace
RIA Novosti
La Photo est prise depuis le vaisseau SoyouzT-13, par les cosmonautes Vladimir Dzhanibekov et Georgy Grechko.
15 novembre 1988 – Lancement de la navette spatiale soviétique Bourane (elle n’a volé qu’une fois, mais quelle classe !).

Energia et son bébé Bourane
Albert Pushkarev / TASS
Le 15 novembre 1988, le seul vol de la navette soviétique, la fusée orbitale automatique Bourane, a eu lieu depuis Baïkonour . Pour lancer l'appareil en orbite, un lanceur super-lourd unique, Energia, a été développé. Lui aussi a été utilisé pour la première et la dernière fois.
La navette Bourane avait une masse à vide de 105 tonnes et pouvait transporter jusqu'à 30 tonnes utiles en orbite. Bourane fut un temps expose au Parc VDNH, et j’ai eu l’opportunité de la visiter.

La bourrue Bourane (alias tempête de neige) Boude au Box
Le 14 février 1991, le premier des huit satellites US-KMO (Unified System for Monitoring Seas and Oceans), qui forment le système de détection de lancement de missiles balistiques intercontinentaux Oko-1, a été lancé en orbite à l'aide du lanceur Proton-K .

Comme une piqure de rappel
Une co-propriété compliquée
Après la chute de l’URSS en 1991, le cosmodrome est devenu propriété du Kazakhstan. Pas très pratique pour la Russie, qui a donc signé un accord de location en 1994 : 115 millions de dollars par an jusqu'en 2050. Pas donné, mais quand il s'agit d'envoyer des fusées dans l’espace, on ne chipote pas.

Transport très spécial !
La Russie construit pour son indépendance, le cosmodrome de Vostochny en Extrême-Orient, censé remplacer Baïkonour pour la majorité des lancements
Depuis 1994, la gestion de Baïkonour a été progressivement transférée à Roscosmos, mais il reste une dépendance stratégique.

Décollage de Nuit
Et maintenant ?
Le futur de Baïkonour est… disons incertain.
Pour le moment, impossible pourtant de s'en passer : tous les vols habités russes vers l’ISS (via Soyouz-MS) et les cargos (Progress-MS) continuent de partir de Baïkonour.
L’ISS est prévue pour durer jusqu’en 2028 — jusqu'à cette date, Baïkonour reste stratégique.
Le projet Baiterek, développé avec le Kazakhstan, prévoit le lancement de la nouvelle fusée Soyouz-5.

Ouvre tes grands Bras pour libérer l'oiseau
Mais après ? Quand la Russie aura fini avec Baïkonour, le Kazakhstan se retrouvera avec une infrastructure immense et coûteuse à entretenir. Difficile d’imaginer le pays entretenir seul un tel complexe. Baïkonour pourrait alors devenir... un gigantesque musée spatial.
Un Disneyland pour geeks de l’espace ?
Pourquoi pas ! Mais il faudra trouver des visiteurs prêts à faire le voyage jusqu’au fin fond du Kazakhstan. En attendant, Baïkonour reste le symbole ultime de la course à l’espace — là où tout a commencé.

Au Musee de Baikonour
Anecdotes sur Baïkonour :
Baïkonour : un lieu où l'histoire spatiale s'écrit, entre secrets bien gardés et anecdotes insolites.
Un nom pour brouiller les pistes
Le nom "Baïkonour" n'a pas été choisi au hasard. En 1961, pour semer la confusion parmi les espions occidentaux, les Soviétiques ont nommé le cosmodrome d'après une petite ville minière située à environ 320 km du site réel. Cette stratégie visait à dissimuler l'emplacement exact du centre de lancement.
Les maisons de Gagarine et Korolev : un musée spatial

Sergey Korolev, le concepteur génial
Le cosmodrome abrite un petit musée adjacent à deux villas ayant appartenu à Sergueï Korolev, le père du programme spatial soviétique, et à Youri Gagarine, le premier homme dans l'espace. Ces maisons ont été préservées en l'état et font partie du complexe muséal, offrant aux visiteurs un aperçu intime de l'histoire spatiale.

La Luxueuse « Villa » de Gagarine, Héro National, à Baïkonour
Un réseau ferroviaire titanesque
Baïkonour possède son propre réseau ferroviaire à voie large, le plus grand chemin de fer industriel au monde. Ce réseau est essentiel pour transporter les lanceurs et les vaisseaux spatiaux depuis les bâtiments d'assemblage jusqu'aux pas de tir, utilisant des wagons spéciaux appelés "Schnabel". Une véritable danse logistique sur rails !
Des aéroports dédiés aux étoiles
Le cosmodrome dispose de deux aéroports polyvalents :
Krayniy Airport : Utilisé pour le transport du personnel, avec des vols réguliers depuis Moscou (désolé, pas de billets en vente libre).
Yubileyniy Airport : C'est ici que la navette spatiale Bourane a été livrée à dos d'Antonov An-225 Mriya, le plus grand avion-cargo du monde.
Ces infrastructures aériennes illustrent l'ampleur des opérations menées à Baïkonour.
Un impact environnemental préoccupant
L'utilisation de carburants toxiques, notamment l'UDMH (di méthylhydrazine asymétrique), a suscité des inquiétudes concernant l'impact environnemental du cosmodrome. Des études ont mis en évidence des effets néfastes sur la faune locale et la santé des populations avoisinantes, soulignant la nécessité de carburants plus écologiques.
Recyclage spatial : une économie locale
Les débris de fusées retombant dans les zones inhabitées de la steppe kazakhe sont souvent récupérés par les habitants locaux. Ce recyclage improvisé est devenu une source de revenus pour certaines communautés, transformant la ferraille spatiale en trésor terrestre.

La puissance à l'état pur
L’ombre du chiffre 13 :
Dans le folklore spatial russe, le chiffre 13 porte malheur. Après plusieurs incidents survenus lors de missions liées à ce chiffre, il a été discrètement évité dans la numérotation des vols. (coté américain, voir l'aventure d'Appolo 13 ci-dessous).
Le Bus de Gagarine :
Avant chaque mission, les cosmonautes suivent une tradition initiée par Youri Gagarine : faire une pause en chemin et… uriner sur le pneu arrière du bus qui les emmène vers la fusée. Un hommage respecté religieusement par tous ses successeurs …. Superstition oblige. (Voir Article : "Superstitions")
Un passager clandestin ?
En 1960, un ingénieur du programme spatial soviétique, trop impatient pour attendre son tour, s’est caché dans une fusée afin de décoller clandestinement. Résultat : il fut repéré avant le lancement et immédiatement expulsé… du programme.

Proton, Neutron, Electron, tout en On
CONCLUSION :
Baïkonour, c’est l’Histoire vivante de la conquête spatiale, un site qui a vu naître les plus grandes pages de l’exploration humaine. Que son avenir soit glorieux ou incertain, il restera à jamais ce lieu mythique où tout a commencé.
Le musée de l’Astronautique de Moscou est l'un des principaux musées consacrés à l'exploration spatiale en Russie. Il offre aux visiteurs une occasion unique de découvrir l'histoire et les réalisations du programme spatial soviétique et russe, notamment à travers des expositions de satellites, de vaisseaux spatiaux et d'autres artefacts liés à l'exploration spatiale.
Pourquoi pas Treize ?
Apollo 13 : La mission qui a failli tourner au désastre
L'objectif initial était d'atterrir sur la Lune, mais une explosion dans le module de service a transformé cette mission en une course contre la montre pour ramener les astronautes sains et saufs sur Terre.
Les moments clés de la mission :
11 avril 1970 : Décollage depuis le Kennedy Space Center avec James Lovell, Fred Haise et Jack Swigert à bord.
13 avril 1970 : Une explosion dans un réservoir d'oxygène endommage gravement le vaisseau. Swigert prononce alors la fameuse phrase :
« Houston, we've had a problem. »
17 avril 1970 : Après un voyage périlleux, Apollo 13 amerrit sain et sauf dans l'océan Pacifique.
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